Stéphanie Hochet, jeune écrivain confirmé, sait toujours nous surprendre. Son nouveau roman s'ouvre ainsi sur l'annonce d'une apocalypse par les gouvernements occidentaux : « La menace proférée avec laquelle tout le monde était censé vivre […] Un enfer déposé sur terre que chacun devait aménager à sa façon ». En toile de fond, un questionnement métaphysique : l'imminence d'une telle catastrophe va-t-elle modifier les comportements ? Et approcher au plus près l'essentiel de l'existence ?
Le roman, par sa construction kaléidoscopique, confronte plusieurs personnages en différents lieux : Glasgow, Londres, Paris. Tara vit en Écosse avec Patty, éleveuse de chiens féroces le jour et dresseuse d'hommes dociles la nuit. À Londres, son cousin, Simon Black, accueille la prédiction comme une bénédiction. Atteint d'un cancer de la gorge, il se sait déjà condamné. À Paris sont installés Bernard et Sophie : le départ dans la ferme écossaise de leur fille, Ludivine, est vécu comme un autre cataclysme.
Stéphanie Hochet se dérobe au rôle ingrat de prophète. L'essentiel en littérature est de poser des questions, sans doute en faisant éprouver au lecteur l'infinie ambivalence humaine. Sans jamais céder à un manichéisme poisseux, ses personnages sont pétris de boue et de ciel. Malgré nous, nous sentons passer quelque chose d'eux.
Stéphanie Hochet sait regarder en dedans et au-delà. C'est pourquoi dans ce marais d'instincts troubles, nous percevons aussi des eaux limpides. En dépit de cette triste inaptitude de quelques-uns à ne pouvoir ni ne vouloir changer, l'amour reprend discrètement sa revanche. Une parabole forte.
ISABELLE BUNISSET
Article paru dans Sud Ouest le 01/07/2012
http://www.sudouest.fr/2012/07/01/lumiere-de-fin-du-monde-758598-4692.php